Le football, véritable miroir de la société, permet de rassembler les individus, mais peut également les opposer. Ainsi, certains supporters l’utilisent comme un défouloir en usant de comportements inacceptables, tels que le racisme. Ce fléau, présent partout en Europe, se doit d’être éradiqué grâce au courage des différents protagonistes de ce sport universel.
La haine raciale, triste rengaine du football
Le dimanche 3 novembre 2019 a marqué un nouvel épisode d’une longue série dramatique italienne.
En effet, lors de la rencontre de Serie A opposant Hellas Vérone à Brescia, Mario Balotelli fut une énième fois victime de cris racistes dans la région de la Vénétie.
Furieux, l’attaquant s’est emparé du ballon avec ses mains avant de tirer en direction de quelques supporters véronais qui le visaient par le biais de cris de singe. L’international italien a alors souhaité arrêter le jeu.
Malgré cela, le match a finalement repris après une intervention du speaker du stade demandant de cesser tout acte raciste, sous peine d’un arrêt définitif de la rencontre.
La première étape de la procédure mise en place par l’UEFA en 2009 fut donc appliquée à la lettre.
Pour le reste, malgré la défaite de Brescia 2-1, Mario Balotelli a certainement répondu de la meilleure des manières en marquant un magnifique but à cinq minutes de la fin de la rencontre.
Cependant, cette intervention du speaker du stade, conjuguée au but de l’avant-centre brescian, ne suffiront certainement pas à éradiquer le racisme du football italien.
Comme Mario Balotelli, en décembre 2018, le footballeur international sénégalais, Kalidou Koulibaly, fut la cible de cris de singe. Sa plus célèbre mésaventure s’est déroulée au stade San Siro, lors d’une rencontre opposant l’Inter de Milan à Naples, son équipe.
Néanmoins, cela n’était pas la première fois qu’il était victime de racisme, deux ans après un premier incident à Rome, et quelques mois avant de nouvelles insultes au Stadio Olimpico le 2 novembre 2019.
Il rejoint ainsi la triste liste à laquelle appartiennent Marcel Desailly, Sulley Muntari, Paul Pogba ou encore Blaise Matuidi, qui ont également subi des injures racistes lors de rencontres de Serie A.
En effet, le racisme, danger social par excellence et véritable plaie du football, est très présent dans les stades italiens, extrêmement touchés par ce fléau.
A ce sujet, Momar N’Diaye, attaquant international sénégalais, passé par la France, l’Allemagne ou encore le Luxembourg, nous confiera que c’est en Italie qu’il a effectivement le plus ressenti la haine raciale. Cela a même participé à ce qu’il quitte le pays après seulement trois mois au club d’Aversa Normanna.
La Fédération italienne a pourtant aggravé les sanctions depuis la saison 2013-2014 afin de répondre à ce problème. Cependant, cela ne semble pas pour autant avoir freiné certains tifosis.
De surcroît, si les actes racistes constituent une triste rengaine du football italien ces derniers mois, nombreux sont les transalpins qui tentent de les minimiser.
En témoigne la réaction du chef des ultras d’Hellas Vérone qui explique que cela fait partie du « folklore », et celle de l’entraîneur véronais Ivan Juric qui a estimé qu’il n’y avait eu aucun cri raciste à l’encontre de Mario Balotelli le 3 novembre.
De même, Leonardo Bonucci, en avril dernier, avait déclaré que Moise Keane était à 50% responsable des actes racistes qu’il avait subi lors du match opposant Cagliari à la Juventus de Turin. Il était par la suite revenu sur ses propos afin d’apaiser l’incendie provoqué, sans pour autant être en mesure de l’éteindre après une réaction si inconvenante.
Un groundhopper italien considère, cependant, que « le racisme n’a pas forcément augmenté en Italie ces dernières années ». En effet, selon lui, il existerait seulement « un changement dans la perception des chants au sein des stades italiens au fil des époques ».
En ce sens, il souligne que l’on fait plus attention actuellement aux paroles des supporters qu’il y a quelques années. De ce fait, si auparavant, les instances footballistiques et les médias laissaient passer certains chants, ces derniers font aujourd’hui polémiques et sont enfin considérés comme discriminatoires.
Un second groundhopper italien, s’étant rendu dans tous les stades de Serie A afin d’assister à un match, soutient qu’ « il est évident que le racisme est présent dans le football et chez certains supporters italiens ». Néanmoins, il ajoute qu’il n’est pas aussi présent que les médias veulent bien le faire paraître, notamment avec les actes répétés à l’encontre de Mario Balotelli qui seraient « exagérés par les journaux et les télévisions ».
De surcroît, il explique qu’en Italie, pour certains supporters, le racisme fait partie de la provocation, de la déstabilisation de l’adversaire.
Selon ce supporter de l’AC Milan, Mario Balotelli serait donc malheureusement « encore tombé dans le piège tendu par les tifosis d’Hellas Vérone, comme à son habitude ».
A en lire ce dernier témoignage, on peut paraître troublé. Assurément, cela ne peut et ne doit pas constituer un moyen de défense valable pour les auteurs d’actes racistes. Il semble exister d’autres manières de provoquer l’adversaire lors d’un match de football, sans pour autant en venir aux injures raciales, qui constituent une véritable violence morale.
En effet, les conséquences d’une telle action dépassent évidemment le stade de la simple provocation.